FOIRE aux questions


  • Le bouddhisme fait-il intervenir la notion de foi ?

Si l'on n’a pas foi dans le fait que le Bouddha a atteint l’Éveil et que le chemin qu’il offre permet d’accéder à cet Éveil, on ne s’engagera pas dans les différentes pratiques de ce chemin. Mais de quel type de foi parle-t-on ? Cette foi est initiale et provisoire : elle pourrait être comparée à la vérification expérimentale d’une théorie par des scientifiques : ceux-ci croient que telle ou telle théorie est vraie à priori, mais c’est l’expérience qui va prouver sa validité. De même, le pratiquant bouddhiste a une inspiration initiale qui l’amène à croire d’abord, ce qu’il va ensuite savoir par vérification expérimentale et existentielle. La foi n’a donc, là aussi, pas de valeur en soi ; ce qui prime dans le bouddhisme est toujours la certitude basée sur l’expérience directe.


  • Est-ce que le bouddhisme est une religion ?

Il n’est pas une religion au sens des monothéismes connus de l’Occident. En effet, on n’y trouve pas de relation avec une divinité qui soit extérieure ni l’observance de règles édictées par cette même divinité. On n’y trouvera pas de vérité révélée. En ce sens, le bouddhisme est souvent décrit comme une philosophie (au sens étymologique de ce terme : l’amour de la sagesse) ou une science de l’esprit (qui vise à comprendre intimement l’esprit et à lui permettre de se libérer de ses illusions, racines de la souffrance).

Cette association du bouddhisme à certaines valeurs scientifiques et philosophiques a été beaucoup mise en avant dans sa transmission en Occident, à la fois par les maîtres asiatiques et par leurs disciples occidentaux, de façon à montrer comment il pouvait s’inscrire dans la modernité occidentale.

Cette insistance sur le caractère scientifique et philosophique du bouddhisme a cependant tendance à occulter le fait qu’il a aussi certaines caractéristiques religieuses :

Il y a une vue philosophique définie précisément. L’accepter fait de soi un bouddhiste, la refuser un non-bouddhiste. Il s’agit des quatre sceaux :

1. Tous les phénomènes sont impermanents ;
2. toutes les émotions sont douloureuses ;
3. tous les phénomènes sont vides ;
4. le nirvâna est au-delà des extrêmes.

Le bouddhisme présente des aspects philosophiques très développés, mais ne se pose pas comme une rationalité pure : sans la foi rien n’est possible.

Dans le cadre du Vajrayâna on parlera même de dévotion.

Il y a des communautés monastiques, un clergé, etc.

Bien sûr, ces aspects religieux ne sont pas considérés comme des fins en soi, mais comme des moyens qui permettent de cheminer vers l’Éveil. La métaphore classique pour expliciter cela est celle du radeau que l’on ne porte pas avec soi une fois l’autre rive atteinte.


  • Faut-il croire à la réincarnation pour être bouddhiste ?

La renaissance est une part importante de la vue bouddhiste du monde et des différents types d’existence dans l’univers. Elle joue donc un rôle clé dans l'éthique bouddhiste du fait de la notion de karma (voir : Qu'est ce que le karma dans le bouddhisme ?). Toutefois, la croyance en la réincarnation n'est pas un prérequis absolu pour être bouddhiste.


  • Qu’est ce que le karma dans le bouddhisme ?

Sogyal Rinpoché écrit dans Le Livre tibétain de la vie et de la mort : «  Le terme karma signifie littéralement “action” ; le karma est à la fois le pouvoir latent contenu dans les actions et le résultat de ces actions. »

La loi du karma est donc la loi de causes et effets qui implique qu'en fonction de l'intention et de la nature de l'acte, on accomplira des actes vertueux, dont le résultat sera source de bonheur, et des actes non-vertueux, dont le résultat sera source de souffrance. Réalisant que le karma est à la fois lié à l'intention qui sous-tend l'action et le résultat de nos actions, on comprend mieux l'importance d'être davantage  conscients de toutes nos actions, afin d'aller dans le sens de ce que nous souhaitons. Le karma n'est donc pas un destin impitoyable ou une fatalité, mais nous engage à être responsables sans culpabilité. 


  • En quoi le fait d’être bouddhiste peut m’aider dans la vie ?

Mieux connaître notre esprit et ne plus être esclave de nos émotions, de nos habitudes, de nos préjugés nous aide à relever les défis de l'existence.

Nous apprenons à « entrer en amitié » avec la personne que nous sommes, arrêtant la lutte qui provient de toujours vouloir être différent. Nous devenons bienveillant envers nous-mêmes. C'est ce que Sogyal Rinpoché appelle le « désarmement intérieur ». 

Il écrit dans Le Livre tibétain de la vie et de la mort : « Grâce à la méditation, si vous restez ouvert et attentif, votre négativité se désamorcera peu à peu. Vous commencerez à vous sentir bien en vous-même ou, comme on dit en France, “bien dans votre peau". Vous éprouverez alors une détente et une aise profonde. Je considère cette pratique comme la forme la plus efficace de thérapie et d’auto-guérison. »

Nous devenons plus paisibles, non par devoir ou par obligation morale mais de façon naturelle. Nous ne sommes plus tiraillés à désirer ceci et rejeter cela, nous pouvons, principalement grâce à la méditation, apprendre à être plus détendu, stable et tranquille en appréciant davantage  le moment présent.

En nous ouvrant à la réalité de l'autre, à une meilleure compréhension de ce qu'il est, nous développons bienveillance et tolérance.

Nous faisons grandir la compassion. La compassion dans le bouddhisme ne consiste pas à simplement se laisser toucher par la souffrance des autres mais aussi à trouver avec détermination les moyens appropriés de la soulager. Elle est de plus dans la voie du Mahayana, la détermination à tout faire pour que tout être réalise sa vraie nature, appelée aussi Nature de Bouddha, la nature de l’esprit que tout être sensible possède comme essence la plus secrète . Tout en devenant de plus en plus altruistes, nous permettons à l'autre de retrouver toute sa dignité et de déployer ses capacités.

Sogyal Rinpoché écrit dans Le livre tibétain de la vie et de la mort :  La pratique de la méditation « dissout et élimine en nous le mal et la dureté, dévoilant et révélant ainsi notre Bon Cœur fondamental. Alors seulement commencerons-nous à être véritablement utiles à autrui. En supprimant graduellement en nous toute dureté et agressivité grâce à la pratique, nous permettrons à notre Bon Cœur authentique, à cette bonté fondamentale — notre vraie nature — de resplendir et de créer l’environnement chaleureux au sein duquel s’épanouira notre être véritable. Vous comprenez maintenant pourquoi je qualifie la méditation de vraie pratique de paix, de non-agression et de non-violence — le désarmement réel et suprême. »

Nous devenons plus autonomes et nous retrouvons une réelle confiance en nous-même. Et voyant de plus en plus les choses ou les personnes telles qu'elles sont plutôt que telles que nous les imaginons, nous ne nous laissons plus duper, sans pour autant juger ou rejeter.

Enfin, les recherches scientifiques montrent l'impact de la méditation sur la santé physique (douleur, tension artérielle, psoriasis, insomnie, système immunitaire…). La méditation a aussi un impact sur nos facultés cognitives, la réduction du stress, nos qualités d’attention ; de plus elle permet d'éviter les rechutes dépressives.


  • Le bouddhisme n'est-il pas un peu centré sur l'individu ? Y a-t-il des valeurs comme la charité chrétienne dans le bouddhisme ? Comment se relie-t-on au monde ?

L’Éveil du Bouddha est caractérisé par deux principales qualités : la sagesse de l’Éveil et la compassion pour les êtres. Le souci d’aider autrui concrètement est au cœur des enseignements bouddhistes. Il est la motivation et le cœur du chemin spirituel. Celui-ci pourrait être défini comme la volonté de se donner les moyens d’être vraiment utile pour autrui. Comment l’être ? En développant des qualités de compassion qui nous amènent à agir effectivement pour autrui et des qualités de sagesse qui nous aident à le faire de façon appropriée.

Donc passer du temps à méditer assis sur un coussin, étudier des textes ou un enseignement d’un maître, est une préparation à une vie tournée vers le monde pour y incarner ce qui aura été découvert par la pratique et l’étude. De nombreux pratiquants du bouddhisme ont ainsi découvert comment l’étude de la sagesse et la pratique de la méditation leur a permis, dans le quotidien, d’aider véritablement autrui dans leur famille ou leur profession.

Issu de l'association Rigpa, le programme du Spiritual Care, œuvre concrètement dans l'accompagnement des personnes confrontées à la maladie grave ou la fin de vie. Le Spiritual Care a deux principaux objectifs : offrir un accompagnement de qualité, comprenant cette dimension spirituelle, à des étudiants lorsqu'ils traversent ces situations ; et former à la dimension spirituelle les professionnels de la santé qui le souhaitent afin que, quelle que soit leur confession, ils puissent accompagner au mieux les patients et leur familles. Des centres ont été créés (Dzogchen Beara en Irlande et Sukhavati en Allemagne) pour offrir un environnement parfaitement adapté à cet accompagnement.